Le Séder (programme) du soir de Péssa’h – tel que nous l‘a établi le saint RACHI – est le suivant : Kadech, Our’hats, Karpass, Ya’hats, Maguid, Ra’htsa, Motsi Matsa, Maror, Kore’h, Choul’han ‘Ore’h, Tsafoun, Bare’h, Hallel, Nirtsa.

Maîtriser le Séder
Si l’on ne maîtrise pas particulièrement le Séder du soir de Péssa’h, et que l’on doit le diriger soi-même en son foyer, il est fortement conseillé de se procurer à l’avance une Haggada de Péssa’h ordonnée, comme la Haggada « ‘Hazon ‘Ovadia », et la consulter ces jours-ci, avant l’arrivée de la fête, afin de pouvoir diriger le Séder de la meilleur façon, qui laissera même une bonne impression aux membres du foyer, car l’essentiel de cette nuit réside dans la Mitsva d’enseigner à ses fils et à ses filles, ainsi qu’à tous les convives, les miracles réalisés pour nous par Hachem en ces temps-là, et les souvenirs se graveront dans le cœur des convives pour toute leur vie.
C’est pourquoi, une grande responsabilité incombe celui qui dirige le Séder, pour que les choses soient réalisées conformément à la Halacha, de manière juste.

Mettre de l’ordre dans la maison
Il faut le plus possible mettre la maison en ordre avant le soir du Séder, et poser la table, les chaises, ainsi que tout ce qui touche le repas, de la façon la plus belle.
Plus on embellira la table et la place que l’on occupera pour le repas, plus on accomplira avec davantage de beauté la Mitsva d’exprimer de la liberté le soir du Séder.

Cette notion de poser la table et les chaises avec beauté est tellement importante que MARAN l’auteur du Choul’han ‘Arou’h en fait mention explicitement en ces termes :
« On doit poser une belle table, avec de la belle vaisselle selon ses possibilités, et l’on doit préparer sa place à table, afin de s’assoir en s’accoudant de manière libre. »
Les Kabbalistes écrivent qu’il y a là un sujet profond selon le sens mystique de la Torah, car plus la table et les chaises sont posées avec la plus grande beauté, plus on augmente la force de la sainteté.

Si l’on pose la table quand il fait encore grand jour, avant l’entrée de la fête, on accomplit ainsi la Mitsva avec davantage de prestige, comme l’écrit MARAN l’auteur du Choul’han ‘Arou’h (chap.262) au sujet du Chabbat.
Notre maître le Gaon et Richon LéTsion Rabbi Its’hak YOSSEF Chlita ajoute dans son livre Yalkout Yossef-Péssa’h (chap.472) que la veille de Péssa’h, il y a une notion importante dans le fait d’avancer les préparatifs, car cela exprime de la liberté, à l’image de princes et de rois qui font préparer leur repas et font dresser leur table longtemps à l’avance du repas. Il cite cela au nom du Gaon auteur du Aro’h Ha-Choul’han.

Cependant, il faut justement faire preuve de vigilance sur ce point, car en général, la mise en ordre de la maison et la pose de la table incombent la maîtresse de maison, et il y a des gens qui – par leur volonté d’accomplir les Mitsvot de Péssa’h avec beauté – viennent avec des réclamations envers leurs épouses si elles n’ont pas réussi à arriver au Séder exactement comme leurs époux l’auraient voulu selon leur volonté. En réagissant ainsi, ces époux introduisent de la colère et de l’animosité le soir du Séder, et combien il est dommage que justement ce soir-là, dans lequel on a investi tellement d’efforts, en définitif la tristesse réside sur les épouses à cause de la colère et l’exigence du maître de maison, qui avait lui aussi une bonne et noble volonté.

C’est pourquoi, chacun doit agir avec sagesse, et même si l’on a une réclamation justifiée envers les membres de son foyer, ou que pour des raisons quelconques la maison n’est pas organisée dans la plus grande précision comme on l’aurait désiré, malgré tout, on doit se contenir et rester silencieux.
On doit plutôt s’efforcer d’apporter son aide selon ses possibilités, car le point capital de cette soirée est d’être joyeux et de réjouir les membres de son foyer, de leur inculquer les usages des rois et des gens libres.
La royauté essentielle de l’homme est dans son cœur, lorsqu’il se sent lui-même le fils du Roi du monde, et non à travers des choses matérielles.

(Pour rappel, le Gaon Rabbi El’azar MANN CHA’H (Le Rav Cha’h) z.ts.l dressait lui-même la table et tout le nécessaire pour le soir du Séder, avant l’entrée de la fête.)

Le plateau du Séder
Il faut mettre en ordre le plateau du Séder, qui contient les différents aliments comme indiqué dans les Haggadott. Il faut s’efforcer afin que ce plateau soit le plus beau et le plus prestigieux possible.

La ‘Harossett
La ‘Harossett rappelle le mortier avec lequel les Béné Israël travaillaient en Egypte.
C’est pourquoi, il faut la préparer de sorte qu’elle soit compacte et épaisse comme le mortier, et non liquide comme une boisson, qui ne ressemble pas au mortier.
Cependant les originaires d’Irak ont l’usage de faire du « ‘Hilak » pour la ‘Harossett, en pressant correctement des dattes qu’ils ont au préalable fait bouillir, et ils ajoutent des amandes et des noix pilées.
Tel était l’usage de notre maître Rabbénou Ovadia YOSSEF z.ts.l qui la préparait lui-même.
Cet usage est déjà mentionné dans les propos du RAMBAM, et c’est pourquoi il ne faut pas le contester car il y a encore là une ressemblance au mortier.

Si l’on désire réaliser une telle ‘Harossett de notre époque, on peut le faire facilement en se procurant du « Silan » (sirop de dattes 100% naturel, fait uniquement de dattes et qui porte une certification « Cacher LéPéssa’h »), en ajoutant ensuite des noix ou des amandes pilées, et on s’acquitte ainsi de son obligation.

L’accoudement

Le devoir de s’accouder
Il est expliqué dans la Guémara Péssa’him (108a et autres) qu’il y a certaines choses que l’on doit consommer exclusivement accoudés le soir de Péssa’h. Cela signifie que l’on doit se pencher vers la gauche.
Nos maitres enseignent dans le Midrach sur le verset:
« Hachem fit faire un détour au peuple par le désert vers la mer rouge … »
Hachem leur fit prendre part à un festin comme des princes. Nous apprenons de là une allusion à l’accoudement le soir de Péssa’h. (Le terme « Vayassev » employé dans le verset qui signifie détour, a la même racine que le mot « Léhassev » qui signifie s’accouder).
Le RAMBAM écrit (chap.7 règle 6):
« A chaque génération, chacun à le devoir de se montrer comme-ci lui-même était sorti de l’esclavage d’Egypte, comme il est dit : « Il nous a sorti de là bas … » C’est pour cela qu’Hachem a ordonné dans la Torah « Tu te souviendras que tu as été esclave en Egypte », comme-ci toi-même a été esclave et que tu es sorti vers la liberté. Par conséquent, lorsqu’on prend son repas ce soir là, il faut consommer en étant accoudé de manière libre. Chacun – les hommes comme les femmes – a le devoir de boire ce soir là les 4 coupes de vin. »

Le RAMBAM écrit encore (chap.7 règle 8):
« A quel moment devons-nous nous accouder? Lorsqu’on consomme la quantité de Kazaït (27 g) de Matsa, ainsi que lors des 4 coupes de vin. »
Cela signifie que l’on doit s’accouder lorsqu’on consomme la Matsa (pendant le Séder), ainsi que lorsqu’on consomme le « Kore’h » (qui est constitué lui aussi de Matsa), ainsi que lorsqu’on consomme le « Afikomann ». Hormis tout cela, il faut aussi s’accouder lorsqu’on consomme les 4 coupes de vin.

De quelle manière s’accoude-t-on?
L’accoudement doit se faire de sorte que l’on se penche – corps et tête – vers la gauche (en se penchant véritablement), et l’on doit manger et boire ainsi.

Cependant, le Gaon Rabbi Ben Tsion ABBA C HAOUL z.ts.l enseignait qu’il faut se pencher à 45 degrés vers la gauche. C’est ainsi qu’ont pris l’habitude de faire ses disciples. Mais l’usage répandu ne suit pas ses propos, et même notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l n’agissait pas ainsi, il se contentait de se pencher légèrement vers la gauche.

L’accoudement doit être confortable
Dans les générations passées, les gens avaient l’usage de s’accouder sur des coussins, de sorte que l’accoudement était vraiment confortable pour la personne qui mangeait. De notre époque, nous ne sommes pas réellement habitués à nous accouder durant toute l’année, et de ce fait, dans de nombreux endroits – en particulier lorsque les conditions du lieu ne le permettent pas – de nombreuses personnes ont l’usage de s’accouder de sorte que chacun s’appuie sur la chaise de l’autre, ce qui n’est pas très confortable. Les décisionnaires débattent afin de définir si on s’est acquitté de son devoir lorsqu’on s’est accoudé de manière inconfortable.

Selon le Gaon Rabbi ‘Haïm Pin’hass Cheinberg z.ts.l et d’autres grands décisionnaires, on ne s’est pas acquitté de son devoir si on s’est accoudé de manière inconfortable, et l’on doit de nouveau consommer en s’accoudant correctement, car toute l’idée de l’accoudement est basée sur le fait que telle est la manière des princes de se comporter, et des princes ne souffrent pas.
Cependant, dans la pratique, notre maitre le Gaon et Richon Lé-Tsion Rabbi Its’hak YOSSEF Chlita tranche (Yalkout Yossef Péssa’h vol.3 page 114) que si l’on s’est accoudé de manière inconfortable on est malgré tout quitte de son devoir à postériori, car on a en définitif accomplit le devoir de cette nuit là, en consommant accoudé.

Mais Lé’hatéhila (à priori), il est souhaitable que chacun se soucie à l’avance de préparer des chaises avec des accoudoirs, afin de pouvoir s’y appuyer. Ainsi, on pourra se sentir à l’aise en s’accoudant.
Quoi qu’il en soit, lors du repas, on doit s’efforcer de s’accouder de la manière la plus confortable, et ressentir que l’on est des princes.

En conclusion: On doit s’accouder à chaque fois que l’on consomme de la Matsa dans le Séder, lors de « Mostsi-Matsa », lors de « Kore’h », et lors de « l’Afikoman ». Il faut aussi s’accouder lorsqu’on consomme les 4 coupes de vin.

Hag sameah

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