PARASHATH LEKH LEKHA 5784 – vendredi 27 octobre 2023, 12 Hechvan 5784 – Samedi 28 octobre 2023, 13 Hechvan 5784

HORAIRES DU SHABAT EN ISRAËL ET DANS LE MONDE
Jérusalem 17h14 – 18h31
Ashdod- Tel Aviv-Netanya 17h35 – 18h32
Haïfa 17h34 – 18h31
Beer Sheva 17h37 – 18h33
Eilat 17h38 – 18h34
Paris 18h21 – 19h26
New York 17h40 – 18h40
Miami 18h25 – 19h18
Los Angeles 17h47 – 18h43


“Lekh lekha” “va pour toi” nous invite à nous libérer, à nous extraire de ce qui nous détermine. D nous demande ici d’être maître de notre destin.
L’histoire juive n’est pas conditionnée par les lois de la nature, mais par nos aspirations, notre volonté.

Etre juif, c’est avoir le courage de se distinguer, de remettre en question comme Avraham les idoles de l’époque, quelque soit l’époque et ses idoles. Les juifs ont prôné le monothéisme dans un monde polythéiste, la liberté dans les societes esclavagistes, l’éducation et l’étude dans les sociétés ignorantes et totalitaristes. Ils dérangent, pour le bien.

C’est ce courage qui nous unit, tous. Ce courage de nager à contre courant pour des valeurs éternelles, morales, fondamentales dans un monde où tout se vaut. Le courage, si nécessaire, de se battre pour défendre ces valeurs. Les challenges ne nous font pas peur.
Nous avons l’habitude, nous juifs, de voyager seuls depuis cette phrase: “Lekh lekha” “va pour toi” et nous le ferons cette fois encore, seuls ou accompagnés. Pour nous et pour l’humanité.


A deux reprises dans la Torah, le début d’une parasha contient le suffixe LEKHA : dans LEKH LEKHA et dans SHLAH LEKHA… dans le deuxième épisode où il est question d’une délégation des Bené Israël dans le pays de Canaan, c’est selon l’initiative de Moïse que fut délégué ce groupe de douze hommes en « voyage d’études » et à cette demande, HaShem répond en quelque sorte : « OK, envoie les pour toi » c’est-à-dire envoie les pour te rasséréner, te tranquilliser. Ou, si l’on préfère : Je ne t’ai pas dit de les envoyer mais, si tu y tiens, fais-le….

Ici, la situation est différente : Nous nous retrouvons au début de la 21ème génération d’après la création puisque la Torah nous indique qu’il y eut 10 générations entre Adam et Noah et 10 autres générations entre Noé et Abraham et, à la fin de cette vingtième génération dite « dor haplaga » ou la génération de la dispersion (lorsque les hommes ont construit la fameuse tour de Babel et qu’ils ont été dispersés, le monde s’est à nouveau retrouvé en plein désastre et désordre sur le plan des croyances au point où le LEKHA qui est apposé à l’ordre de partir d’Ur Casdim implique la promesse d’un sauvetage total (physique et spirituel) d’Abraham qui n’aurait pu accomplir son destin en restant au milieu de ces peuplades.

LEKHA ici, n’est donc pas inscrit dans le but de se satisfaire mais dans un but de sauvetage incluant les racines et le devenir car les deux lettres lamed et khaf comportent pour le lamed une hampe qui le rattache aux sphères supérieures et le khaf final qui comporte une sorte d’ancre qui l’attache aux racines.

Sur le plan de la calligraphie, ces deux lettres ont toutes deux un kaf et un vav soit un total en guematriya de 26 c’est donc à dire que tant par la lettre lamed que par la lettre khaf, Abraham arrache ses racines juives d’Aram pour les planter et les enraciner spirituellement dans les sphères supérieures en allant s’installer en Canaan. Mais, en fait, pas seulement spirituellement puisqu’Isaac et ses deux fils naquirent sur cette terre de Canaan offerte à Abraham, à Isaac, à Jacob et ses 12 fils

La Mishna enseigne qu’Abraham subit 10 épreuves et qu’il les a toutes surmontées. Quelles étaient ces épreuves s’interrogèrent les Sages au long des siècles le texte de la Mishna ne donnant aucun détail sur ces épreuves ? Le Rambam en a fait une liste et d’autres exégètes en firent autant : pour la plupart les épreuves répertoriées se rejoignent mais certaines sont légèrement différentes étant donné que les conceptions personnelles peuvent varier chacun selon sa propre perception des faits.

Or, en regardant de près les différentes « épreuves » subies par Abraham nous allons pouvoir les dénombrer lors des deux parashoth LEKH LEKHA et VAYERA…. Permettez-moi de vous inviter à un « petit voyage » à travers les siècles….et à y trouver certaines similitudes….

En effet, dans le deuxième livre du Houmash, Shemoth (Exode), deuxième parasha : VAERA, après que Moïse ait été investi de sa mission et qu’il soit parti de Midiane, il se retrouve en Egypte et il va, avec son bâton et l’assistance de son frère Aharon, opérer les 10 Makoth (les 10 plaies) d’Egypte une partie est évoquée dans VaEra (7) et une partie dans Bo (3)…

En revenant vers Abraham, dans le livre de Bereshith, hormis la première sidra où nous est rapportée la création du monde, c’est au début du deuxième millénaire de l’existence de l’Univers qu’Abraham entre en scène…. Et c’est aussi après qu’Abraham soit sorti d’Aram qu’il va fonder une nation après avoir essuyé un certain nombre de difficultés (selon les façons de répertorier) 6 ou 7 dans Lekh-Lekha et 4 ou 3 dans Vayéra !!! 

Pharaon laisse partir Abraham d’Egypte après l’avoir couvert de cadeaux : argent, or, bétail, et aussi il lui confie sa fille Hagar et la province de Goshen…. 

Mille ans plus tard l’histoire se renouvelle : Pharaon accepte de laisser sortir le peuple d’Egypte et ils repartent avec de l’or, de l’argent, des troupeaux, et la fille de Pharaon (Bithya convertie)….

Mais, en partant d’Aram, déjà Abraham s’était vu offrir des cadeaux dont Eliezer, et,  de nombreux ouvrages nous font savoir la véritable identité d’Eliezer, esclave d’Abraham qui n’était autre que le propre fils de Nimrod et qui ne fut autre que l’un des rois de Bashan sous le nom de OG (melekh HaBashan).  

Abraham et Sarah s’implantèrent en Canaan sans apporter leur confiance dans la culture des Cananéens à tel point qu’Abraham, insista auprès de son serviteur Eliezer pour partir chercher une fiancée à son fils Isaac mais, surtout pas parmi les Cananéens or, nous content la plupart des exégètes, le rêve secret d’Eliezer était de donner sa propre fille en mariage à Isaac mais, Abraham, qui vivait près d’Eliezer son disciple (mais aussi Cananéen) le détrompa car il avait saisi sa pensée intime.

Lorsque, tout au long de la Torah et de la Bible, nous croisons des personnages emblématiques, les exégètes nous donnent souvent des « clés » pour savoir à qui nous allons avoir à faire pendant quelques chapitres.

Ainsi certains font remarquer que, selon eux, lorsque le nom de certains protagonistes sont cités et qu’ils sont suivi d’un qualificatif ou d’un titre, nous devons comprendre qu’alors, il s’agit d’un impie/rasha tel : Lavan HaArami ou OG, roi de Bashan préconisent-ils en revanche, poursuivent-ils, lorsque le contraire se produit, lorsque le qualificatif ou que le titre précède le nom il s’agit d’un juste. Cependant, il existe des exceptions qui confirment la règle lorsqu’il est écrit : Aharon HaCohen = Tsadik ou bien David Melekh Israël tsadik….

Maïmonide considère que ces mots LEKH LEKHA sont formulés à deux reprises envers Abraham :  la première fois pour quitter son pays et la seconde fois pour aller sacrifier Isaac. Et, pour le philosophe de Cordoue, ce sont les deux épreuves les plus dures et pour ces deux « ordres » HaShem éprouve la nécessité de bien se faire comprendre de celui qui va devenir le père de nombreuses nations. 

En effet, au début de cette sidra HaShem explique à Abram : « quitte ton pays, la terre de ta naissance, la maison de ton père » ces trois précisions sont en réalité des promesses :

Pars de chez toi………………………….Et tu auras une descendance,

De ton pays de naissance…………. Et tu deviendras immensément riche,

De la maison de ton père………….Et tu te feras un nom.

 Un peu plus loin, lorsqu’il sera question de l’épreuve terrible où HaShem demande à celui qui va être le Patriarche des Hébreux, de sacrifier son fils, l’Eternel réitère la formulation en trois étapes dramatiques : 

Ton fils……………………………………….Pas n’importe lequel

Ton unique………………………………. De ton unique épouse légale

Celui que tu aimes, Isaac………….. Celui de l’épouse que tu aimes, Sarah.

Aucune équivoque n’est possible. Il n’y a pas de légèreté ou d’équivoque possible. Il ne s’agit pas du fils d’une égyptienne mais de ton origine pour fonder un creuset.

Tout comme Adam et Eve ont été créés de la terre et n’ont pas été portés dans les entrailles d’une femme, on ne compte comme homme que les descendants de Seth qui sont des êtres créés par un homme et une femme qui eux-mêmes ont été portés par une femme. Le peuple juif devait être issu de deux êtres ayant eu les mêmes racines, la même formation, ayant vécu la même transplantation.

Nous verrons dans quelques semaines comment ce creuset sera formé par quatre femmes issues de la même terre.

Dr Caroline Elisheva Rebouh PhD.
ד »ר קרולין אלישבע רבוה בן אבו